Article 26 RGPD : qui fait quoi en cas de traitement conjoint ?

Face au labyrinthe juridique du RGPD, s’assurer que vos collaborations professionnelles respectent l’Article 26 sur la responsabilité conjointe, sans risquer de lourdes sanctions ni des litiges complexes, est un défi majeur. Ce guide a été conçu pour aller bien au-delà d’une simple lecture de la loi. Nous allons non seulement décortiquer les obligations fondamentales et la définition des responsables conjoints, mais aussi mettre en lumière des aspects cruciaux souvent négligés : par exemple, l’impact significatif que l’Article 26 peut avoir sur l’ensemble de votre écosystème contractuel existant, y compris la nécessité d’aligner vos accords de sous-traitance (Art. 28) avec des processeurs communs ou vos contrats de service (SLA) avec des fournisseurs partagés. Nous explorerons également comment le Délégué à la Protection des Données (DPO) peut jouer un rôle stratégique pour anticiper et gérer ces interdépendances complexes, transformant la conformité en un véritable atout pour des partenariats sereins et sécurisés.

Cet article vous fournira une feuille de route claire et actionnable pour maîtriser l’Article 26 du RGPD. Nous allons détailler la distinction essentielle entre les rôles de responsable de traitement, sous-traitant et responsable conjoint, et vous guider à travers les composantes indispensables d’un accord de co-responsabilité solide. De plus, vous découvrirez des stratégies de négociation pour cet accord crucial et des approches pour une gestion dynamique de la conformité, vous permettant ainsi d’établir des bases juridiques et opérationnelles saines pour toutes vos activités de traitement de données collaboratives, protégeant ainsi votre organisation et renforçant la confiance de vos partenaires et clients.

Points Clés

  • L’Article 26 du RGPD identifie les responsables conjoints comme ceux qui définissent ensemble les objectifs et les méthodes de traitement des données personnelles.
  • La formalisation d’un accord de co-responsabilité est une exigence clé de l’Article 26, détaillant qui fait quoi pour assurer la conformité globale.
  • Les personnes concernées peuvent exercer leurs droits auprès de n’importe quel responsable conjoint, soulignant l’importance d’une coordination claire et transparente entre eux.
  • L’application de l’Article 26 nécessite d’évaluer et d’aligner vos contrats existants (sous-traitance Art. 28, SLA) et de solliciter le DPO pour une stratégie de conformité cohérente.
  • Une distinction précise entre les rôles de responsable de traitement, sous-traitant et responsable conjoint est fondamentale pour éviter les sanctions et sécuriser vos collaborations.

Comprendre l’Article 26 RGPD : Texte Officiel et Définition Fondamentale de la Co-responsabilité

L’Article 26 du RGPD établit le cadre de la responsabilité conjointe. Son premier paragraphe stipule : « Lorsque deux responsables du traitement ou plus déterminent conjointement les finalités et les moyens du traitement, ils sont les responsables conjoints du traitement. » Cette disposition impose une définition transparente des obligations respectives via un accord, visant le respect du règlement, l’exercice des droits et la communication des informations (Art. 13 & 14).

Un responsable conjoint du traitement, selon l’Article 26 RGPD, est une entité qui, avec une ou plusieurs autres, détermine les ‘finalités’ (le pourquoi) et les ‘moyens’ (le comment) essentiels du traitement des données. Cette co-détermination est le critère clé. Il ne s’agit pas d’une simple collaboration ; la participation de chaque entité doit être tangible et nécessaire pour que le traitement ait lieu, que ce soit par une décision commune ou des décisions convergentes.

La co-responsabilité sous l’art 26 rgpd surgit lorsque les décisions des entités sont indissociables pour le traitement. Elle n’exige pas un accès aux données par toutes les parties (CJUE, C-25/17). L’Article 26, au-delà d’une contrainte, offre un cadre pour une collaboration éthique. En exigeant la transparence des rôles, il ancre la confiance et la responsabilité dans les partages de données très innovants.

L’accord de co-responsabilité doit refléter fidèlement les rôles et relations vis-à-vis des personnes concernées, dont les grandes lignes leur sont accessibles (Art 26.2 RGPD). Fondamentalement, l’Article 26.3 stipule que, nonobstant cet accord interne, la personne concernée peut exercer ses droits RGPD auprès de n’importe quel responsable conjoint. Cette disposition souligne l’importance d’une coordination claire.

L’Article 26 RGPD : une obligation légale, mais aussi un levier pour des collaborations data éthiques, fondées sur la confiance et la transparence.

RGPD : Distinguer les Rôles Clés - Responsable, Sous-Traitant et Co-responsable (Art 26)

La distinction entre responsable de traitement, sous-traitant et responsable conjoint est un prérequis pour la conformité RGPD. Le responsable (Art. 4(7)) détermine seul finalités et moyens essentiels du traitement. Il a la responsabilité principale. Le sous-traitant (Art. 28) agit sur instruction documentée de ce responsable ; un contrat formalise leur relation. Comprendre ces bases est vital avant d’analyser l’art 26 rgpd et la co-responsabilité, où ces décisions sont partagées par plusieurs.

L’article 26 RGPD cible les responsables conjoints : plusieurs entités décidant ensemble des finalités et moyens d’un traitement. Cette co-détermination est le critère clé, selon le CEPD (Lignes directrices 07/2020). Elle résulte d’une décision commune ou de décisions convergentes, chaque partie influençant le ‘pourquoi’ et ‘comment’. Une mauvaise qualification est risquée, affectant les obligations contractuelles (accord Art. 26) et la répartition des responsabilités vis-à-vis des personnes concernées et des autorités.

Distinguer ces rôles est concret. Les obligations varient : l’Art. 28 RGPD impose un contrat pour la sous-traitance, tandis que l’art 26 rgpd exige un accord spécifique entre co-responsables pour définir leurs obligations de manière transparente. Pour faciliter cette analyse, un tableau comparatif qui détaille responsabilités et bases légales (Art. 26 vs Art. 28) aide à visualiser ces différences clés et ainsi éviter les erreurs de qualification.

Les zones grises existent, rendant la classification parfois ardue. Un prestataire de mailing influençant la segmentation client, ou une plateforme SaaS avec des outils tiers modifiant la finalité, illustrent ces défis. Une analyse au cas par cas est cruciale. Poser des questions clés sur la détermination des finalités et moyens essentiels du traitement aide à cerner si une co-responsabilité sous l’art 26 rgpd est engagée.

Comprendre si vous êtes responsable, sous-traitant ou co-responsable (Art. 26 RGPD) n’est pas une option : c’est la base d’une conformité solide et de collaborations sécurisées.

Les Obligations Clés des Responsables Conjoints et l’Accord Indispensable (Art. 26.1 & 26.2)

L’article 26 RGPD impose aux responsables conjoints de définir leurs obligations respectives de manière transparente par un accord. Cet impératif légal est crucial : son absence peut entraîner une responsabilité solidaire face aux personnes concernées et expose à des sanctions. Clarifier “qui fait quoi” est donc vital pour la sécurité juridique de chaque entité impliquée dans un traitement conjoint relevant de l’art 26 rgpd.

L’accord de co-responsabilité sous l’art 26 rgpd doit méticuleusement détailler la répartition des tâches. Il précise notamment l’identification des parties, la description des finalités et moyens conjoints du traitement, et les modalités d’exercice des droits des personnes concernées. Chaque aspect est clé.

Un accord art 26 rgpd robuste anticipe la fin de la collaboration. Il est essentiel d’y articuler clairement les protocoles de suppression, d’anonymisation ou de désagrégation des données personnelles à la résiliation. La gestion des données dérivées ou entremêlées, complexe, doit être prévue pour une sortie conforme.

La négociation de l’accord Article 26 est une étape stratégique, non une simple formalité administrative.

  • Alignement interne préalable et identification claire des points non négociables pour chaque partie.

  • Définition textuelle précise des mécanismes de gestion des droits des personnes concernées et des responsabilités.

Une négociation aboutie de l’accord Article 26 prévient les litiges en assurant une clarté opérationnelle. Une revue et mise à jour régulières sont aussi indispensables pour maintenir sa pertinence face aux évolutions des activités et des réglementations.

L’accord de co-responsabilité (Art. 26 RGPD) : plus qu’une obligation, une feuille de route stratégique pour des partenariats data sécurisés et transparents.

Responsabilité, Droits des Personnes Concernées et Gestion Opérationnelle (Art. 26.3)

L’article 26.3 du RGPD consacre un principe essentiel : la personne concernée peut exercer ses droits à l’égard de et contre chacun des responsables conjoints. Cette solidarité de la responsabilité signifie que, peu importe les arrangements internes, chaque entité reste pleinement redevable envers l’individu. C’est clé.

Face à cette exigence, la mise en place d’un système efficace pour la gestion coordonnée des demandes de droits est impérative. Cela inclut la désignation d’un point de contact clair pour les personnes concernées, même si l’article 26 RGPD permet une flexibilité. Une procédure interne doit définir la réception, la vérification d’identité, le partage d’informations entre co-responsables, le traitement coordonné et la formulation d’une réponse unique et en temps voulu.

Au-delà de la gestion des droits, l’art 26 rgpd impose une co-responsabilité dynamique. Cela implique de maintenir une vigilance constante par la gestion continue et la revue périodique de votre accord. Il est crucial d’établir des cadences de revue régulières, par exemple annuelles ou lors de changements majeurs dans les traitements. Des déclencheurs de réévaluation, comme une nouvelle jurisprudence ou l’évolution des activités, doivent être prévus pour adapter l’accord.

L’Art. 26.3 RGPD garantit l’exercice des droits auprès de tout co-responsable, exigeant une gestion coordonnée et une revue continue de l’accord.

L’Article 26 RGPD à la Lumière de la Jurisprudence et des Lignes Directrices

L’interprétation de l’article 26 RGPD n’est pas figée ; elle évolue constamment sous l’impulsion de la jurisprudence de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) et des lignes directrices du Comité Européen de la Protection des Données (CEPD). Ces sources sont vitales pour bien cerner les contours de la co-responsabilité.

La CJUE a rendu plusieurs arrêts clés façonnant la co-responsabilité. L’affaire Fashion ID (C-40/17), par exemple, a établi qu’un gestionnaire de site web utilisant un module social tiers peut être co-responsable de la collecte et transmission des données. Pour votre entreprise, cela implique d’évaluer l’impact de tels outils sur vos obligations au titre de l’art 26 rgpd.

Les lignes directrices 07/2020 du CEPD sur les notions de responsable du traitement et de sous-traitant apportent des clarifications essentielles sur l’art 26 rgpd. Elles insistent sur le critère de “participation conjointe” à la détermination des finalités ET des moyens du traitement. Cette participation peut résulter d’une décision commune ou de décisions convergentes, où les actions de chaque entité sont indissociables pour que le traitement ait lieu. L’accord de co-responsabilité doit refléter cette répartition effective des rôles.

Les autorités de contrôle nationales, comme la CNIL en France, s’appuient sur ces interprétations pour évaluer la conformité. Leurs rapports annuels et décisions de sanction peuvent révéler des manquements fréquents relatifs à l’article 26 RGPD, notamment l’absence d’accord formel ou une mauvaise définition des rôles. Une veille active sur ces publications est donc indispensable pour ajuster vos pratiques et aligner vos contrats en continu.

La maîtrise de l’art 26 rgpd exige une veille continue : jurisprudence et lignes directrices redéfinissent constamment les obligations des co-responsables.

Exemples Concrets et Études de Cas Détaillées de Co-responsabilité RGPD

Pour illustrer l’application de l’article 26 RGPD, les campagnes marketing conjointes sont un cas d’école. Deux entreprises collaborant pour une promotion, partageant des données clients et définissant ensemble la stratégie publicitaire, sont typiquement des responsables conjoints. La clarté s’impose.

De même, la relation entre une plateforme SaaS et ses clients peut relever de la co-responsabilité. Si la plateforme offre des outils qui permettent au client de définir certaines finalités (par exemple, segmentation pour l’envoi d’emails) mais que la plateforme elle-même influence les moyens essentiels du traitement ou co-décide des segments, l’article 26 RGPD s’applique. Il est crucial de bien analyser qui détermine quoi.

L’art 26 rgpd s’étend à des collaborations innovantes, comme le co-développement de modèles d’IA. Un institut de recherche fournissant des données et une entreprise tech créant les algorithmes partagent la détermination des finalités (performance IA) et des moyens (données d’entraînement, architecture). Leur accord doit clarifier les responsabilités : qualité des données, biais, sécurité et droits liés aux données d’entraînement.

Des campagnes marketing aux projets IA, les exemples concrets de l’art 26 RGPD soulignent l’importance de définir les rôles et responsabilités dès le début de toute collaboration data.

Pièges Courants de l’Article 26 RGPD et Bonnes Pratiques de Conformité

La mise en œuvre de l’article 26 RGPD est semée d’embûches. Une mauvaise interprétation de la co-responsabilité entraîne souvent des conséquences pratiques sévères, comme une répartition inadéquate des responsabilités ou une sous-estimation de la transparence due aux personnes concernées. Ces erreurs, fréquentes, peuvent compromettre la conformité et exposer à des sanctions. Il est donc essentiel de bien cerner les pièges pour les éviter.

  • Sous-estimer la granularité nécessaire dans l’accord de co-responsabilité concernant la répartition des tâches, notamment pour la gestion des droits des personnes ou la notification des violations de données, expose à des failles de conformité.

  • Omettre d’informer clairement les personnes concernées sur les grandes lignes de l’accord et le point de contact désigné contrevient directement à l’article 26.2 RGPD, nuisant à la transparence requise.

  • Confondre la co-responsabilité (art 26 rgpd) avec une simple relation de sous-traitance (art 28 rgpd), menant à l’absence d’un accord adéquat et à une mauvaise attribution des obligations fondamentales.

Pour optimiser la conformité à l’art 26 rgpd, une vigilance constante et des pratiques robustes sont cruciales, notamment pour les AIPD et la gestion des incidents.

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FAQ

Que se passe-t-il si un accord de co-responsabilité (Art 26 RGPD) n’est pas formalisé ou est incomplet ?

L’absence ou l’incomplétude d’un accord formel de co-responsabilité en vertu de l’Article 26 du RGPD expose les entités concernées à des risques significatifs. D’une part, cela peut entraîner une responsabilité solidaire en cas de dommage subi par une personne concernée. Concrètement, cela signifie que chaque responsable conjoint peut être tenu de réparer l’intégralité du préjudice, indépendamment de sa part de responsabilité réelle dans le manquement. Il lui appartiendra ensuite, si possible, de se retourner contre les autres co-responsables pour obtenir une compensation.

D’autre part, le non-respect de l’obligation de formaliser cet accord et de définir de manière transparente les rôles constitue une violation du RGPD. Les autorités de contrôle, comme la CNIL en France, peuvent imposer des sanctions administratives pécuniaires pouvant être très élevées. Un accord incomplet, qui ne détaillerait pas précisément la répartition des obligations (par exemple, qui informe les personnes concernées, qui gère les violations de données, etc.), pourrait être jugé insuffisant et entraîner des conséquences similaires à une absence totale d’accord.

Comment l’Article 26 RGPD impacte-t-il concrètement la gestion des demandes de droits des personnes concernées ?

L’Article 26.3 du RGPD accorde aux personnes concernées le droit d’exercer leurs droits (accès, rectification, effacement, etc.) auprès de n’importe lequel des responsables conjoints. Cela signifie que même si un accord interne désigne un point de contact spécifique, la personne concernée n’est pas tenue de s’y conformer. Elle peut s’adresser à l’entité de son choix parmi les co-responsables pour faire valoir ses droits. Pour les responsables conjoints, cela impose une coordination interne irréprochable. L’accord de co-responsabilité doit prévoir des mécanismes clairs pour la réception, la transmission et le traitement coordonné de ces demandes, assurant une réponse unique et consolidée dans les délais légaux.

L’Article 26 RGPD s’applique-t-il uniquement aux grandes entreprises ou aussi aux PME et associations ?

L’applicabilité de l’Article 26 du RGPD n’est pas conditionnée par la taille ou la forme juridique des entités. Ainsi, les PME (Petites et Moyennes Entreprises) et les associations sont tout autant concernées que les grandes entreprises dès lors qu’elles déterminent conjointement avec une ou plusieurs autres entités les finalités et les moyens essentiels d’un traitement de données personnelles. Par exemple, deux associations collaborant sur un projet avec une base de données commune, ou une PME s’associant à une autre pour une campagne marketing mutualisée, seraient considérées comme responsables conjoints si elles co-déterminent effectivement ces éléments.

Conclusion

Maîtriser l’art 26 rgpd est essentiel pour toute collaboration impliquant des données personnelles. Définir conjointement finalités et moyens, formaliser un accord de co-responsabilité détaillant les rôles, et assurer la transparence envers les personnes concernées sont les piliers d’une conformité réussie. Si la complexité des traitements conjoints varie, l’application rigoureuse de l’art 26 rgpd protège votre organisation et renforce la confiance, transformant une contrainte légale en atout pour des partenariats sécurisés.

Thiébaut Devergranne
Thiébaut Devergranne
Thiébaut Devergranne est docteur en droit et expert en droit des nouvelles technologies depuis plus de 20 ans, dont 6 passés au sein des services du Premier Ministre. En savoir plus

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